Le succès militaire de la Willys MB lors de la seconde Guette Mondiale amènera la réflexion de l’Europa Jeep. Une coalition de plusieurs pays pour construire le nouvel engin militaire ultime… en vain !
Europa Jeep, n’est pas Jeep qui veut !
Dans les années 1960, l’Europe cherchait à standardiser son équipement militaire pour renforcer l’interopérabilité entre les forces armées des différents pays. C’est dans ce contexte qu’est né le projet de l’Europa Jeep. Un véhicule tout-terrain léger destiné à équiper les armées de plusieurs nations européennes. Ce projet ambitieux visait à concevoir un véhicule amphibie, robuste et polyvalent. Il devait ainsi être capable de répondre aux exigences militaires communes.
C’est alors que le projet Europa Jeep a débuté dans les années 1960. Les partenaires européens de l’OTAN – l’Allemagne de l’Ouest, la France et l’Italie – cherchaient à concevoir un véhicule tout-terrain militaire commun. Il devait remplacer plusieurs modèles existants : la DKW Munga en Allemagne, la Hotchkiss M201 en France et la Fiat Campagnola en Italie.
C’est donc trois pays qui seront impliqués dans le développement de l’Europa Jeep : l’Allemagne de l’Ouest, la France et l’Italie. Six constructeurs ont été sélectionnés pour mener à bien ce projet : Fiat, MAN, Saviem, Hotchkiss, Büssing et Lancia. L’objectif était de produire un véhicule répondant aux spécifications du « Véhicule de Commandement et de Liaison » (VCL), avec des exigences strictes en termes de performance, de mobilité et de capacité amphibie.
Afin d’encourager la concurrence, les gouvernements ont créé trois groupes industriels, chacun regroupant des entreprises des trois pays. Finalement, seuls deux groupes ont poursuivi le projet : Fiat, MAN et Saviem d’un côté, et Hotchkiss, Büssing et Lancia de l’autre.
Un défi technique et logistique
Le futur « Véhicule de Commandement et de Liaison » (VCL) devait répondre à des critères stricts. Il devait posséder un moteur multifuel de 40 à 50 chevaux, atteindre 95 km/h en vitesse de pointe et avoir une autonomie de 800 km. De plus, il devait transporter une charge utile de 500 kg, tracter 750 kg et peser moins de 1,5 tonne. Enfin, il devait être amphibie, tout-terrain et suffisamment robuste pour être largué par avion. Une fois un modèle sélectionné, 50 000 unités devaient être produites. Chaque pays aurait ensuite personnalisé le véhicule selon ses besoins spécifiques.
Les équipes devaient présenter un prototype dès 1970, mais les délais n’ont pas été respectés. Le développement a traîné pendant plusieurs années. Finalement, bien que les deux groupes aient achevé leurs prototypes, le projet a échoué. En 1976, la France s’est retirée et a demandé à ses constructeurs de développer des alternatives nationales.
L’armée italienne a finalement acheté une version Fiat de l’Europa Jeep, mais le programme global a été abandonné. La France a alors développé trois prototypes distincts : le Renault TRM 500, la Citroën C44 et le Peugeot P4. Ce dernier a remporté la compétition, avec une production de 15 000 unités.
Un projet différent mais la mission reste identique
Malgré un cahier des charges identique, les deux prototypes Europa Jeep affichaient des designs distincts. La version FMS possédait un capot plus court et plus haut, un pare-brise en deux parties et des côtés ouverts. La version HBL, en revanche, avait un capot plus long, un pare-brise d’un seul tenant et des côtés arrière fermés. Les deux modèles pouvaient transporter quatre passagers et répondre aux exigences militaires initiales, mais l’échec du projet les a relégués à l’oubli.
L’héritage inattendu : la Volkswagen Type 181
Dans les années 1960, l’Allemagne de l’Ouest avait besoin d’un véhicule léger et économique en attendant l’Europa Jeep. Volkswagen a alors proposé la Type 181. Ce modèle a rempli son rôle provisoire avant de conquérir d’autres pays de l’OTAN et même le marché américain.
Ironiquement, bien que l’Europa Jeep ait été un échec, la Type 181 a connu un succès durable. Elle a également inspiré la VW Type 183 Iltis, adoptée plus tard par l’armée allemande. Finalement, l’Europa Jeep a été un projet ambitieux mais voué à l’échec. Pendant ce temps, la Type 181 est devenue une véritable légende.
Bien que l’Europa Jeep n’ait jamais vu le jour, ce projet reste un exemple significatif des défis liés à la coopération internationale dans le domaine de l’armement. Il souligne l’importance de l’harmonisation des besoins, des standards et des objectifs entre les nations partenaires. Aujourd’hui, l’Europa Jeep demeure une curiosité historique, témoignant des ambitions et des complexités de la standardisation militaire européenne dans les années 1960. Le succès de Jeep ne fut donc pas répété, et même les américains ont échoué à remplacé la Willys, avec la M715, assez décriée.