Parmi les Jeep insolites, celle-ci au premier abord n’attire pas forcément le regard des Jeepers. Et pourtant, c’est bien une Jeep qui se cache sous cette carrosserie de Ferrari. Voici la Jerrari de l’homme d’affaires américain Bill Harrah.
Jerrari, quand Bill Harrah essuie le refus d’Enzo Ferrari
Lorsque l’homme d’affaires américain Bill Harrah a essuyé le refus d’Enzo Ferrari après avoir demandé à la marque de construire une voiture à quatre roues motrices, il a pris l’affaire en main et a proposé sa propre conception. Bill Harrah était un homme d’affaires très connu aux États-Unis durant la première moitié du vingtième siècle. Il a fondé les hôtels et casinos Harrah’s à Reno et Las Vegas, ainsi que le Navada Gaming Control, profitant de l’essor des jeux d’argent dans tout le pays à l’époque.
Harrah était également un grand collectionneur de voitures, et était notamment connu pour posséder près de 1 500 véhicules. Une collection qui a rempli le Musée national de l’automobile après la mort de Harrah en 1978. Sa collection comprenait notamment une Cadillac d’Elvis Presley, la Mercury de l’acteur James Dean dans le film « Rebel Without A Cause » et une DeLorean plaquée or.
À la recherche d’un véhicule rapide à quatre roues motrices pour assurer le transport par tous les temps entre ses entreprises de Reno et ses autres propriétés du lac Tahoe, il sollicite l’aide d’Enzo Ferrari. Lorsque Ferrari refusa de se charger d’un tel projet, Harrah décida de créer sa propre Ferrari à quatre roues motrices.
Contrarié par Ferrari, il créé la Jerrari
Après avoir essuyé le refus d’Enzo Ferrari, Harrah a pris une Ferrari 365 GT et a eu l’idée de fusionner l’avant de la voiture avec celui d’une Jeep Wagoneer de 1969. C’est ce qui permit d’obtenir les performances et la praticité des quatre roues motrices qu’il recherchait. Ce véhicule fut assemblé par l’équipe d’ingénieurs interne de Harrah. Et le travail le plus important fut l’intégration du V12 de 4,4 litres ainsi que la transmission et la partie avant de la Ferrari 365 GT. Harrah lui-même a même effrontément remplacé le logo du cheval cabré de la 365 par celui d’un kangourou cabré.
Le résultat est une machine vraiment unique, voire étrange, mais une machine rapide pour l’époque. Avec un 0 à 100 km/h de 9,4 secondes et une vitesse de pointe de 201 km/h.
La Jerrari 2 en 1977
Quand on se déplace avec un tel Frankenstein, c’est évidemment pas très discret. C’est ainsi que Harrah va vouloir la remplacer après s’en être servie de voiture personnelle. A la recherche de quelque chose de plus discret, une idée lui vient en tête. Il profite d’un accident survenu à un membre de son équipe de vente au volant d’une Ferrari 365 GTC/4. Cela allait lui servir de base pour sa future Jerrari 2.
En effet, cette fois-ci, il prend une Jeep Wagoneer de 1977, mais il ne change pas l’avant de celle-ci. La discrétion passe par là également, il ne remplacera finalement que le moteur. Et pour ce faire, il prendre celui de la Ferrari 365 GTC/4 accidentée. Le résultat est une Jeep Wagoneer équipée d’un V12 Ferrari d’une puissance de 365 ch, avec une vitesse maximale de 225 km/h. Le modèle 1977 était également équipé d’un volant Ferrari, d’un détecteur de radar, d’essuie-glaces et d’un système informatique sous le pare-chocs avant qui alertait le conducteur lorsque de la glace commençait à se former sur la route. On peut dire que Bill Harrah a créé la première Sleeper, un véhicule banal mais diablement puissant !
Les deux modèles Jerrari existent encore aujourd’hui. Le modèle de 1969 est passé par plusieurs sites de vente aux enchères et a été vu pour la dernière fois sur eBay en 2008. Les enchères ont dépassé les 21 000 dollars pour cette voiture. Mais le moteur emblématique de la Ferrari ait été remplacé par un V8 Chevrolet.