Les Jeep insolites : le Hafner Rotabuggy - Univers Jeep

Les Jeep insolites : le Hafner Rotabuggy

Au cours de leur histoire, les constructeurs s’aventurent sur des modèles avec des buts précis, mais parfois loufoques. Cela aboutit à des modèles totalement insolites et Jeep ne déroge pas à la règle. Voici le Hafner Rotabuggy, celui qui porte le mieux le solgan « go anywhere, do anything » !

Hafner Rotabuggy, une Jeep insolite

La Jeep originelle est née du désir de l’armée américaine de construire un véhicule polyvalent dédié pour le conflit de la Seconde Guette Mondiale. Depuis ses origines, la Jeep est connue pour être un véhicule qui ose affronter tous les terrains. Et donc, Jeep a eu l’idée d’en faire une version volante, capable de planer jusqu’à son objectif.

Sur la base du Willys Truck 4×4 et du principe de l’autogire développé par Juan de la Cierva, l’ingénieur austro-britannique Raoul Haffner construit le Rotabuggy. Un prototype conçu pour s’élever dans les airs à une vitesse maximale de 241 km/h. Équipée d’un rotor bipale de 14,22 m de diamètre, d’un gouvernail de queue et de deux stabilisateurs semblables à ceux d’un avion, cette jeep aérienne effectue plusieurs vols d’essai avec des résultats satisfaisants.

Une idée alambiquée, mais diablement efficace…

Les parachutistes et les unités aéroportées ont commencé à jouer un rôle important pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, la nécessité de transporter des véhicules est devenue un problème. Des solutions sont recherchées pour faciliter le déplacement des troupes et du matériel. Le tout sans avoir recours à des pistes d’atterrissage ou des matériaux rares comme la soie pour fabriquer des parachutes.

Dans ce contexte, le ministère de l’Air britannique fait appel à l’ingénieur Raoul Hafner (1905-1980). Il lui demande de développer le Rotachute. Il s’agit d’un planeur monoplace doté d’un rotor autogyre pour ralentir la chute grâce aux courants d’air. Fort du succès de cette invention, il s’attelle en 1943 à la création de la Jeep des airs : le Rotabuggy.

L’idée de base paraissait évidente et astucieuse, il faudra néanmoins adapter la Willys. Pour atteindre son objectif, Hafner s’inspire de l’autogire créé par l’ingénieur espagnol Juan de la Cierva. Il adapte la Jeep Willys Truck 4×4, polyvalente, qui fait déjà ses preuves dans les armées alliées. Il a ajouté un rotor bipale d’un diamètre de 14,22 mètres, un gouvernail de queue et deux stabilisateurs de type aéronautique. Des portes en acrylique léger ont été installées de part et d’autre du poste de pilotage.

En outre, le Rotabuggy était peint dans les tons de camouflage et la cocarde de la Royal Air Force et portait le « P » qui distinguait les prototypes de l’armée de l’air britannique.

… mais un projet finalement abandonné !

Ce véhicule pesait au total 1 411 kg, dont 948 kg pour la Jeep et les 249 kg restants pour le rotor et le fuselage. La conception de Raoul Hafner prévoyait une vitesse maximale de 241 km/h et une vitesse minimale de décollage et d’atterrissage de 58 km/h.

La Jeep Rotabuggy était destinée à être remorquée par un avion jusqu’à sa cible. Une fois sur place, cette voiture volante devait descendre doucement vers le sol, à la manière d’un hélicoptère.

Les premiers essais liés au développement du Rotabuggy consistaient à charger de béton cette Jeep. Ou, plus formellement, un Willys Truck 4×4 modèle MB. Et ensuite à le laisser tomber d’une hauteur allant jusqu’à 2,35 m afin de déterminer la quantité de G qui pouvait encaisser l’engin sans dommages. Ces tests ont révélé que 11 G pouvaient être encaissés par le Rotabuggy (en revanche, pas sur que les occupants les supportent). Ensuite, d’autres tests ont eu lieu, dont un remorqué par une Bentley suralimenté de 4,5l. Atteignant ainsi la vitesse de 105 km/h, le Rotabuggy a décollé pour la première fois le 16 novembre 1943.

D’autres essais à Sherburn-in-Elmet, près de Leeds, ont remorqué le Rotabuggy par un Whitley A.W. 38 dans les airs. Les premiers essais derrière le bombardier Whitley laissent à désirer. Le manche « suspendu » battant de l’aile et le « pilote » devant exercer toute sa force pour garder le contrôle de l’appareil.

Les problèmes initiaux ont été progressivement résolus et les qualités générales de maniement décrites officiellement comme « très satisfaisantes ». Cependant, le développement de planeurs capables de transporter des véhicules lourds met un frein à ce projet Jeep.