Le SsangYong Korando actuel est un crossover assez banal. Pourtant, il cache une histoire attachante et unique. En effet, il trouve ses origines dans les Jeep CJ.
SsangYong Korando K9, la Jeep sauce coréenne
Construit avant que la Corée n’ait une industrie automobile, ce Korando K9 allongé révèle clairement ses racines militaires. Ce modèle de première génération, descendant direct des Jeep CJ fabriquées par Ha Dong-hwan Motor Company. Cette entreprise est devenue un pilier de SsangYong. Les CJ ont évolué pour devenir le Korando, toujours inspiré des Jeep, mais sans la calandre à sept fentes et avec un arrière beaucoup plus grand.
Le modèle K9 était l’un des premiers SUV familiaux arrivés en Corée. Quelques exemplaires ont toutefois traversé l’océan, pour se retrouver sur le marché américain. Le SsangYong Korando K9 a été assemblé sous licence Jeep de 1987 à 1996 en Corée du Sud.
Pourquoi une telle curiosité ?
Le SsangYong Korando K9 est une véritable curiosité automobile, un SUV unique né de l’héritage de la Jeep CJ-7, mais produit sous licence en Corée du Sud. Conçu pour répondre à des besoins locaux tout en s’appuyant sur l’expertise d’une marque légendaire. Il raconte une histoire fascinante d’innovation, d’adaptation et d’ingénierie internationale.
L’histoire commence au début des années 1980, lorsque la Corée du Sud cherchait à renforcer son industrie automobile. Ha Dong-hwan Motor Company, prédécesseur de SsangYong, était alors spécialisé dans les véhicules utilitaires et militaires. Sous licence de Jeep, l’entreprise a commencé à produire des modèles inspirés des CJ, tout en les adaptant aux besoins spécifiques du marché coréen.
En 1987, le Korando K9 a vu le jour, un modèle à empattement long basé sur le CJ-7. Le nom « Korando », contraction de « Korea Can Do », reflète l’esprit entrepreneurial et déterminé du constructeur. Produit jusqu’en 1996, ce véhicule s’est imposé comme un SUV polyvalent, à la fois robuste et pratique, pour les familles et les aventuriers.
Une version unique du CJ
Le Korando K9 mesure 4,66 m de longueur, soit bien plus que le CJ-7 dont il s’inspire (3,76 m). Cette augmentation d’empattement lui permet de transporter jusqu’à neuf passagers, une caractéristique rare à l’époque pour un SUV. La largeur est de 1,74 m, et la hauteur de 1,90 m, ce qui lui donne une posture imposante et fonctionnelle. Extérieurement, le design est très proche de la Jeep CJ-7, mais avec quelques modifications notables. Le Korando arbore une calandre sans les fameuses sept fentes emblématiques de Jeep, remplacées par un style propre. Le long empattement et la silhouette allongée lui confèrent une identité unique, tandis que les détails, comme les pare-chocs renforcés et les élargisseurs d’ailes noirs, ajoutent à son caractère utilitaire.
Sous le capot, il était équipé de plusieurs motorisations au fil des années, dont des moteurs diesel et essence. L’option la plus courante était un moteur diesel 2,2 litres en ligne produit sous licence Isuzu, offrant environ 73 ch. Ce moteur était conçu pour répondre aux attentes d’efficacité et de fiabilité des marchés asiatiques, tout en conservant des coûts de fonctionnement raisonnables. Une autre variante intéressante était un moteur diesel 2,3 litres développé sous licence Mercedes-Benz, produisant une puissance similaire. Mais ce dernier offrait une meilleure durée de vie et des performances accrues en tout-terrain. Ces moteurs étaient associés à une boîte manuelle à cinq vitesses et une boîte de transfert à deux rapports. Cela permettait une traction intégrale efficace. Le rapport de différentiel de 5,88:1 était conçu pour les conditions difficiles, que ce soit en montagne ou hors route.
Un intérieur soigné
L’intérieur du Korando K9 était élémentaire mais fonctionnel, adapté aux besoins des familles et des utilisateurs professionnels. Les matériaux étaient robustes, avec des tapis en caoutchouc et des panneaux de porte en plastique noir, pour résister à l’usure. Malgré sa simplicité, le Korando proposait des équipements modernes pour l’époque, tels que des vitres électriques, la climatisation, et une radio CB. Cependant, certains modèles souffraient de fuites dans le système de climatisation ou de l’absence de radio d’origine. Le tableau de bord comprenait un compteur de vitesse gradué jusqu’à 140 km/h, un compte-tours, et diverses jauges pour surveiller la température de l’eau, le carburant et la tension. Une poignée côté passager était présente pour les trajets à forte secousse.
La marque Jeep qui rayonne à l’international
Le Korando K9 est particulièrement intéressant pour son rôle dans l’élargissement de la légende Jeep à l’échelle mondiale. Il a été conçu pour des marchés spécifiques et s’est imposé comme un choix robuste pour les familles coréennes. Sa capacité à transporter jusqu’à neuf passagers lui a permis de rivaliser avec des minibus tout en conservant une capacité tout-terrain remarquable.
Aux États-Unis, certains exemplaires ont été importés par des passionnés, suscités par l’originalité et l’héritage du modèle. Un détail amusant : plusieurs propriétaires ont ajouté des emblèmes « Jeep » sur leurs Korando, renforçant la ressemblance avec les CJ-7. Enfin, le nom « K9 » a souvent été une source de confusion. Certains l’associent à des chiens policiers (« K-9 units »), tandis que d’autres évoquent des connotations humoristiques. Pourtant, il fait simplement référence à l’empattement long et à la capacité de neuf passagers. Aujourd’hui encore, il est apprécié des collectionneurs et des amateurs de véhicules atypiques.
