Physiquement, très (trop ?) proche d’une Jeep
La carrosserie rappelait celle de la jeep utilisée pendant la guerre. C’était un véhicule que les Japonais appréciaient comme n’importe qui. Elle était conçue de façon cubique, facilitant sa fabrication avec un minimum d’outillage, ce qui plaisait à Toyota au regard de sa situation d’après-guerre. La version de Toyota avait un empattement plus long, cela permettait ainsi d’avoir un peu plus d’espace. Une partie de cet espace supplémentaire était occupée par le long six cylindres sous le capot. Le reste du volume gagné servait pour le transport des marchandises.
Comme il s’agissait d’un véhicule utilitaire militaire, il était équipé d’un toit souple et d’équipements très rudimentaires. Alors, comment ont-ils appelé ce nouveau petit véhicule ? Le code Toyota était BJ, mais il était officiellement appelé la « Jeep ». Longtemps les personnes pensaient que le « J » de BJ signifiait Jeep, mais cela ne pu jamais être prouvé.
Le début des problèmes pour Toyota
Vous pouvez deviner qu’il y a eu quelques problèmes liés à l’utilisation du terme « Jeep » par Toyota. Il s’agit d’une histoire assez intéressante comme il en existe d’innombrables dans l’industrie automobile. Mais l’erreur n’est peut-être pas faite sciemment, c’était plutôt une conséquence de la traduction. En effet, Toyota pensait que Jeep était un nom commun pour désigner un type de véhicule. Cependant, comme c’est déjà déposé en tant que marque, comme l’a fait Willys en 1950, cela devient un cas de contrefaçon.
L’affaire n’est jamais allée au-delà d’une lettre juridique de menace de la part de Willys et d’une excuse ultérieure de Toyota. Le directeur général Hanji Umehara ne savait probablement pas qu’il allait entrer dans l’histoire lorsqu’il a inventé le nom « Land Cruiser » pour remplacer « Jeep » le 24 juin 1954. En revanche, c’était certainement un premier coup porté à Land Rover. Car Toyota finira par conquérir progressivement les marchés forts en Afrique et en Australie.
L’autre anecdote amusante est l’attribution du véhicule officiel de la Police de Réserve japonaise. Toyota avait bien réalisé les tests d’endurance, son BJ roula jusqu’à la sixième station du Mont Fuji (2 700 m), un exploit jamais réalisé auparavant par un engin motorisé. Néanmoins, un premier contrat a été attribué à Willys. Puis en 1953, un autre contrat fut finalement accordé à Toyota et les 298 premiers BJ « Jeep » de production sortirent des lignes. Toyota était donc un fournisseur majeur pour ses propres forces militaires.
Ce couac avec Jeep lança la carrière du Land Rover
Le premier Toyota BJ a été fabriqué en plusieurs versions : un modèle châssis et cabine pour conversion en véhicule d’incendie, un modèle utilitaire et une autre version de tourisme standard. On trouve également certains modèles ultérieurs avec une extension arrière pour augmenter l’espace de chargement. Le BJ standard était conçu pour un usage de type militaire et policier et configuré en conséquence. Le BJ était disponible sur le marché civil, mais il semble que les ventes dans ce secteur aient été minimes. Il a toutefois trouvé sa place dans le secteur commercial, étant vendu à des agences gouvernementales et des entreprises ayant besoin d’un véhicule léger 4×4. La production du BJ a continué jusqu’en 1955, avec peu de changements majeurs.
Le BJ Land Cruiser a été remplacé par la série 20 en 1955. Cette nouvelle série, beaucoup plus raffinée et adaptée aux civils, était équipée du nouveau moteur six cylindres de la série F, de 3,9 litres et 105 ch. La série 20 a marqué le début de la quête d’exportation de Toyota, qui a conduit aux premières importations aux États-Unis en 1958. Une version du BJ est restée dans la gamme jusqu’en 1956, appelée BJ-25. Ce modèle était légèrement plus civilisé et stylisé, mais a été retiré de la gamme après 1956. Le Toyota BJ, que vous l’appeliez « jeep » ou Land Cruiser, est un véhicule majeur dans l’industrie du 4×4. Il partage ainsi son histoire avec Jeep, de part son projet de concept très similaire, voire même en ayant eu le même patronyme.
